les vals
La cluse complexe de la Bienne supérieure
Le décrochement
ACCES : par la route N 5 de St-Laurent-en-Grandvaux aux Rousses.
Du pied de la Montagne des Tuffes à la sortie de la petite ville de Morez,
les vallées du Bief de la Chaille puis de la Bienne suivent une direction
presque méridienne : elles traversent donc en oblique les plis de la
Haute-Chaîne, d'orientation générale NE-SO, par une longue
cluse encaissée en gorges.
Le tracé de cette cluse n'est pas le fait du hasard : il est en effet
guidé par une faille majeure de l'organisation tectonique régionale,
le décrochement de Morez, accompagnée d'une série de failles
secondaires. Cette ligne de faiblesse structurale, mise en place au début
de l'ère tertiaire a été exploitée par le réseau
hydrographique, mais aussi par les glaciers quaternaires pour franchir les chaînons.
La complexité de cette cluse dite de Morez " tient à plusieurs
faits. Tout d'abord, elle n'affecte pas seulement un mont mais s'encaisse dans
une succession de monts et de vaux dont les fonds sont suspendus au-dessus des
gorges (val de l'Orbe, de Lamoura, de Prémanon).
Enfin, de part et d'autre du décrochement, les structures plissées
ne sont pas en continuité : les deux côtés de la cluse ne
présentent donc pas les mêmes organisations topographiques. Ainsi
le mont du Bois de Ban fait face au val de Joux.
A Morez, une cluse franchement dissymétrique
VOIR : depuis Morez, circuit pédestre des belvédères (balisage
bleu, Roche au Dade, Roche Fendue et Rocher du Béchet).
La cluse complexe de Morez est en tait constituée d'une série
de cluses élémentaires qui se succèdent au rythme des structures
plissées traversées par la vallée de la Bienne. A la hauteur
même de la ville, la rivière recoupe un axe anticlinal qui s'étire
depuis Chapelle-des-Bois au Nord jusqu'au Longchaumois au Sud.
Le début et la fin de la cluse sont marqués par d'étroits
défilés, lorsque la rivière franchit les flancs calcaires
de l'anticlinal. Au centre, le relief à peine plus aéré,
a permis l'installation de la cité. Mais de part et d'autre de la vallée,
les deux versants ne se ressemblent pas du tout.
A l'Ouest, le mont du Bois du Bévet se termine brutalement au-dessus
de la ville par un bel amphithéâtre qui la domine de plus de 300
mètres. Les calcaires, ployés en un lourd anticlinal coffré,
donnent quelques escar-pements rocheux. Le centre de la cluse est occupé
par des pentes mar-neuses, parfois couvertes d'éboulis.
A l'Est, de l'autre côté du décrochement de Morez, I'anticlinal
est plus soulevé et la voûte calcaire sommitale a été
enlevée lors des grandes phases d'érosion de l'ère tertiaire:
ne subsistent que les deux crêts Bois des Crottes au Nord et Crêt
de la Grande Rêche au Sud. Entré eux, la combe de Bellefontaine
est suspendue au-dessus de la Bienne, qu'elle domine par un long versant complexe
de plus de 200 mètres de dénivelée.
Le miroir de faille du Col de la Savine
VOIR : le long de la N5 entre St-Laurent-en-Grandvaux et Morez, au col de la
Savine en face d'un parking.
Alors que la vallée de la Bienne fait un coude brutal vers le Sud-Ouest
et se dirige vers St-Claude en empruntant un val, le décrochement de Morez
se prolonge vers le Nord-Ouest. Au col de la Savine, une coupe naturelle permet
de voir et de " toucher " cet accident tectonique majeur.
La falaise qui fait face au parking correspond en effet au plan le long duquel
s'est opéré le déplacement horizontal des deux blocs situés
de par et d'autre de la ligne de décrochement. Les bancs calcaires sont
marqués par des cannelures et des stries qui se sont imprimées
dans la roche par frottement.
Ce véritable miroir de faille n'est visible que dans la mesure où
l'érosion a enlevé une partie du bloc opposé.